Fêlures

Nouvelle·s / Novella·s (Terminé)|Fêlures

Description

Public :  Tout public

Ce n’est pas tant la nostalgie qui guide ces mots, mais bien quelque chose qui s’apparente plus à une blessure ancienne, de celles qui s’imposent à vous dès que le temps change, qui font vriller vos os sous l’humidité de l’air ou la tension des tempêtes. Je crois que c’est pour cela que je guette, à la fin de l’été, le moment où les journées raccourcissent. Parce que le jour se couche tôt, parce que la nuit s’empare du paysage alors que le soir n’a pas encore sonné. Un rythme d’ailleurs, un rythme d’autrefois posé sur les méridiens du Pacifique. Si j’attends la venue de l’automne et la promesse de l’hiver, c’est pour rejeter en bloc la chaleur et le soleil. Pour noyer dans le froid ces souvenirs doux-amers de jour mourant, de montagnes baignées d’orage. — La Boussole

Huit nouvelles parcourues de failles et de rêves sans issue, d’inévitables séparations et de retrouvailles au pied des tombes.

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    Dernière modification le 14/02/2018
    J’ai toujours été incapable de calquer mon souffle sur celui des autres.
    Ils me donnent l’impression qu’ils suffoquent, qu’ils dorment essoufflés. En réalité, ma respiration est lente et profonde. Je suffoque moi-même quand je respire à leur rythme.
    Inspire. Expire.
    Comme si je vivais dans un plan différent du monde, au tempo de mes battements silencieux. Mes nuits d’enfance étaient faites de ces souffles trop rapides. Les yeux grands ouverts dans le noir, je voyais les murs de la chambre onduler en même temps que ma sœur respirait. Trop vite, bien trop vite.
    J’entends, ici, une présence. Un souffle plus lent que le mien. Plus étouffé encore.
    — Ne t’arrête pas de respirer, me dit une voix chevrotante. Ne t’arrête pas de respirer.
    Une cadence trop régulière et mécanique. Une voix ancienne, tremblante. Celle au bord du gouffre, à un pas de lâcher la rampe. J’ai la vision de mains parcheminées posées sur une poitrine. Je vois, presque, une conscience trop faible pour parvenir à s’ancrer dans ce corps si vieux. Le souffle s’arrête d’un coup dans le respirateur que l'on vient de débrancher. Mais le murmure, lui, résonne encore.
    Ne t’arrête pas de respirer.
    J’ouvre les yeux sur le plafond gris de ma chambre, me dégage des griffes de ce rêve. Je distingue à peine les ombres accrochées aux murs, et mon esprit garde l’écho de cet avertissement, comme une menace à peine voilée. Une fois mon cœur apaisé, je me redresse avec un soupir. Les attrape-rêves épinglés derrière moi oscillent doucement. Comme pris dans le souffle d’une créature invisible. Mais il n’y a personne à part moi dans la pièce.

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