Petit-Pierre et la Gargouille

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Lorsque Petit-Pierre emménage à Livron-sur-Drôme, il n’est pas franchement emballé de se retrouver dans une si petite ville.
À vrai dire, il est même malade et sa forte fièvre ne lui laisse qu’un vague souvenir de cartons, voyage, gargouille, chambre…
Attendez, « gargouille » ???

Eh oui, sa nouvelle vie sur Livron lui réserve plein de surprises, de nouvelles amitiés et d’aventures…

Bienvenue au Club des Gargouilles !

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    Dernière modification le 04/10/2018
    Chapitre 1

    Assis au fond de la voiture qui le conduit vers cette nouvelle ville, Petit-Pierre ne se sent pas très bien.
    Il a les bras croisés et les cheveux en bataille.
    Bon, pour les cheveux, c’est normal : ils sont toujours comme ça. Impossible de les peigner, ils partent dans tous les sens.
    Mais aujourd’hui, c’est la vie entière de Petit-Pierre qui semble partir dans tous les sens : ses parents déménagent. Et, du coup, lui aussi, forcément.
    Or, il n’en a pas du tout envie.

    Il aime le petit appartement qu’il a toujours connu à Paris, il aime ses copains d’école, et, maintenant qu’il s’apprête à la quitter, il se dit qu’il aime même sa maîtresse. Pourtant, il la trouvait sévère, Madame Escot. « Madame Asticot », comme ils l’appelaient tous dans la cour de récré, parce qu’elle « asticotait » toujours les élèves qui n’avaient pas assez travaillé.
    Ce n’est pas souvent arrivé à Petit-Pierre, ceci dit, car Petit-Pierre a une particularité que ses copains ont toujours trouvée bizarre : il AIME aller à l’école.
    Enfin… Il aimait ça quand il habitait à Paris.
    Là, si ça se trouve, dans sa nouvelle école, les enfants sont horribles, bêtes et méchants. Et il est sûr qu’il ne va pas aimer sa nouvelle maison, même si ses parents lui ont dit qu’elle était trop chouette, avec des murs en pierre et tout.
    Ben, encore heureux qu’ils soient en pierre, les murs, on n’est pas les Trois Petits Cochons, on va pas habiter dans une maison en paille ou en bois non plus, grommelle Petit-Pierre dans sa barbe.
    « Dans sa barbe », c’est une expression, hein : Petit-Pierre n’a pas de barbe. Il n’a que dix ans et va rentrer au CM2. Son surnom ne lui vient pas de son âge, il lui a été donné depuis des années par sa famille et ses amis, à cause de sa petite taille. Parfois il aimerait bien avoir un nom un peu plus impressionnant, genre « Pierre le Grand », mais il paraît que c’est déjà
    pris…
    Bon, en plus, il ne se sent pas tellement grand, maintenant qu’il doit quitter tout ce qu’il aime pour aller dans une ville qu’il ne connaît pas. Et qui sera sûrement hyper nulle.
    Pour combattre la peur qu’il sent remuer dans son ventre, Petit-Pierre râle dans sa tête : mieux vaut se mettre en colère que paniquer. Et d’abord, c’est où que ses parents l’emmènent ? Livron-sur-Drôme ? C’est quoi, ce nom débile ?
    Petit-Pierre ricane en se disant que les habitants sont sûrement tous des « dromadaires ». Hi hi hi, Livron-sur-Dromadaires, me voici.
    Un sourire frémit au coin de sa bouche.
    — On y est presque, mon chéri. Ça va ?
    La dame qui vient de parler, à la queue de cheval blonde et aux lunettes bleues, c’est Annie, la mère de Petit-Pierre. Elle est professeur, mais dans une école pour grands, pour ceux qui vont au lycée. Enfin, cette année, elle ne va pas travailler, le temps qu'ils s'organisent un peu mieux.
    C’est déjà ça.
    Mais Petit-Pierre a décidé de bien faire comprendre à ses parents qu’il n’est pas d’accord d’avoir été déménagé, lui aussi, comme le canapé ou la télévision, sans qu’on lui ait demandé son avis. Il reprend donc son air boudeur, fronçant encore davantage les sourcils :
    — Non.
    Ses deux parents échangent un coup d’œil complice et leurs mains se touchent un court instant, avant que son père ne reporte son attention sur la route. Petit-Pierre déteste quand ils font ça : on dirait qu’ils arrivent à parler juste avec les yeux ; il se sent encore plus seul, du coup.
    D’ailleurs, la vilaine boule qu’il avait dans le ventre semble avoir encore grossi avec les derniers virages. Au point que Petit-Pierre se demande s’il ne va pas vomir.
    La voiture grimpe une longue pente et arrive dans une rue pleine de maisons en pierre, toutes penchées. La rue elle-même est en pierre : des pavés, comme Madame Asticot leur a appris.
    On dirait qu'ils ont fait un bon dans le passé et qu'ils viennent de pénétrer dans une ville du Moyen-âge. C’est assez cool, en fait.
    Mais Petit-Pierre se rappelle que ses copains n’habitent pas ici, qu’il va devoir intégrer une nouvelle école dans quelques jours, et sa mauvaise humeur revient.

    Et puis, il fait chaud, à Livron-sur-Dromadaires. Il n’est pas habitué à avoir aussi chaud : la climatisation ne doit plus marcher, parce qu’il est en nage. Ce qui veut dire qu’il dégouline de sueur, pas qu’il se met à faire un crawl… Plus que jamais, il regrette l'absence de son copain Mattéo, qui rigolait toujours avec lui de ses jeux de mots pourris.
    La voiture s’arrête devant une porte gigantesque, tout arrondie et avec des clous piqués dessus, comme dans une forteresse.
    Malgré lui, Petit-Pierre ne peut s’empêcher d’écarquiller les yeux : waouh, ils vont vraiment habiter ici ?
    Après que sa mère soit sortie pour ouvrir les lourdes portes, la voiture s’avance dans une petite cour intérieure et s’immobilise enfin.
    Le père de Petit-Pierre se tourne vers lui et cligne de l’œil :
    — Alors, Petit-Pierre, comment trouves-tu ton nouveau château ?
    C’est difficile de continuer à faire la tête, mais heureusement pour Petit-Pierre, en y regardant bien, la maison a un air un peu délabré et il finit par lâcher, tout en ouvrant sa portière :
    — Ouais, bof, les ruines, moi je préfère les visiter que d’y habiter.
    Le père de Petit-Pierre soupire.
    — Tu pourrais quand même faire un effort…
    Mais sa femme l’interrompt, la mine soucieuse.
    — Dis donc, tu ne trouves pas qu’il a l’air malade ?
    Une main fraîche, très, très fraîche vient se poser sur le front de Petit-Pierre.
    Et c’est là qu’il réalise que s’il se sent mal, c’est aussi parce qu’il a de la fièvre.
    Beaucoup de fièvre.

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