L'Île de la Groac'h

Description

Public :  Tout public

Un matin, au réveil, Azura tombe à travers son jardin. Et ce n'est pas une petite chute métaphorique : elle tombe, littéralement, à travers son jardin. Elle se retrouve sur une île identique à celle où elle vit, presque identique, quasiment pareille, si ce n'est que cette autre île est probablement magique, et certainement abandonnée. Les habitants ont fui, poursuivis par des Ombres qui dévorent l'île inexorablement. Tous les habitants… ou presque tous. Une poignée d'entêtés excentriques sera-t-elle la seule chance d'Azura de retrouver son chemin avant qu'il ne soit trop tard ? Quelle direction prendre lorsque ces routes autrefois familières se dérobent sous vos pieds ?

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Public :  Tout public
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E.C. Guyot | Roman
Support :  Papier
Format :  Roman
Prix :  7,99 €
L'Île de la Groac'h
L'Île de la Groac'h E.C. Guyot
Support :  Papier
Dépôt légal :  08/2018
Publication :  25/07/2016
Format :  Roman
ISBN-13 :  978-1535456678
ISBN-10 :  1535456671
Prix :  7,99 €
Poids :  -
Couleur :  Noir & Blanc
Pages :  201
Langue :  Français
Accessibilité :  -

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E.C. Guyot | Kindle
Support :  Numérique
Format :  Kindle
Prix :  2,99 €
L'Île de la Groac'h
L'Île de la Groac'h E.C. Guyot
Support :  Numérique
Dépôt légal :  08/2018
Publication :  17/08/2015
Format :  Kindle
ISBN-13 :  -
ISBN-10 :  -
Prix :  2,99 €
Poids :  -
Couleur :  Noir & Blanc
Pages :  -
Langue :  Français
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E.C. Guyot | Epub
Support :  Numérique
Format :  Epub
Prix :  2,99 €
L'Île de la Groac'h
L'Île de la Groac'h E.C. Guyot
Support :  Numérique
Dépôt légal :  -
Publication :  -
Format :  Epub
ISBN-13 :  -
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Prix :  2,99 €
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  • Extrait - Extrait de l'Île de la Groac'h : Le Cercle Lire l'intégralité de Extrait de l'Île de la Groac'h : Le Cercle (Extrait)

    Dernière modification le 30/01/2019
    Azura et Éléon tombèrent et roulèrent jusqu'à percuter le petit muret.
    La clairière était la même, à l'exception de deux choses. Les nuages avaient disparu, ainsi que le soleil, et un magnifique ciel étoilé surplombait la cime des grands arbres. Les étoiles étaient si brillantes qu'elles éclairaient parfaitement la clairière, qui n'était plus vide du tout ; elle était entièrement recouverte de Korriganed.

    Azura n'avait jamais vu un Korrigan de sa vie, mais elle avait entendu beaucoup de contes de sa grand-mère, le soir avant de dormir. Ces histoires étaient souvent tragiques, mais d'un autre côté, la grand-mère d'Azura ne racontait que des histoires tragiques. Azura savait que les Korriganed étaient des lutins qui vivaient sous les grandes pierres, ou alors dans des grottes, ou alors dans des sources, ou alors sur la lande. En fait, la grand-mère d'Azura n'avait jamais pu donner une bonne description des Korriganed. C'étaient généralement des nains velus portant des cornes de bouc, des sabots de fer, des griffes de chat, ou plus simplement des chapeaux ronds. Néanmoins, Azura était sûre et certaine qu'elle les avait trouvés.

    Chaque Korrigan se distinguait de son voisin par sa forme, sa couleur et ses attributs, mais tous dansaient une ronde furieuse. De longues chaînes de Korriganed se tenant par la main sautillaient, puis se divisaient, se reformaient en plus petits groupes, sautaient en l'air, faisaient claquer leurs talons, dansaient seuls, formaient des couples, puis se rassemblaient tous, saluaient bien bas, s'écartaient en longs groupes qui glissaient les uns contre les autres, des mains se soulevaient pour laisser d'autres chaînes passer, et tout ce monde tournait, courait, sautait, tournait, et tout recommençait.

    Ceux qui ne dansaient pas tapaient du pied. D'autres encore se battaient, d'autres buvaient dans de grandes chopes de cidre. D'autres encore arrivaient à se battre tout en dansant et buvant. Ils étaient promptement et énergiquement séparés par de grandes fées, aux visages marqués de rides et à la peau épaisse de cuir noir.

    Il n'y avait pas que des Korriganed, d'ailleurs. Dans la foule se trouvaient aussi bien des hommes-lézards que des lézards humains et de belles filles aux cheveux de plumes blanches, des variations infinies de plumages, écailles, poils, pattes, becs, museaux et sabots croisés indistinctement avec de l'écorce, des feuilles et des pétales. Il y avait des gnomes à la peau de granite et des menhirs à larges visages qui sautillaient en rythme et en rond, et même un cheval à moustaches. Le bruit qu'ils faisaient était assourdissant, comme si des milliers de rochers s'écroulaient... Azura ne savait pas pourquoi mais elle en avait les larmes aux yeux.

    La partie plane de l'autre côté du muret était apparemment une scène, comme Azura en avait vu lors de ce Festival sur le continent. Des Korriganed, armés de tambours, de bombardes, et couverts d'épingles à nourrice, braillaient une chanson dans une langue abrasive. Azura crut reconnaître des épingles de sa grand-mère dans les oreilles du chanteur le plus proche.
    — Reste le plus possible à terre, dit Éléon. Nous allons essayer de rejoindre discrètement le bord.
    Il ne l'avait pas vraiment dit avec des mots, car la musique et la danse des Korriganed étaient littéralement assourdissants. Azura avait traduit des signes, déduit le reste des expressions faciales successives, puis hoché la tête en accord.

    Ils rampèrent le long du muret en direction du passage par lequel ils étaient entrés, mais la foule mouvante des Korriganed s'avançait périodiquement vers le bord de la scène au gré des tours de ronde. Azura et Éléon durent alors attendre, dissimulés le plus possible, espérant ne pas être piétinés. Hélas, l'accès à la sortie fut définitivement bloqué lorsqu'une ronde s'enroula sur elle-même en un bloc serré de sabot et de corne et de bois. Azura et Éléon durent se résoudre à se replier au fond de la clairière pour un moment de répit. Non loin d'eux, une buvette avait été montée et distribuait du cidre à une vitesse toute aussi furieuse que la musique. Ils restèrent à couvert, un peu trop près des arbres au goût d'Azura, mais aucun autre choix ne se présentait à eux à cet instant précis.
    — C'est incroyable, dit Éléon. Un cercle de fées ! Un vrai cercle de fées !
    — Ce sont des Korriganed.
    — Et alors, ce sont des fées aussi. Ne sois pas si sectaire. Ils vont pouvoir nous aider avec les Ombres !
    — Ma grand-mère disait qu'on ne pouvait pas leur faire confiance. Ils enlèvent des gens et
    les font danser jusqu'à épuisement.
    — J'ai entendu qu'ils exauçaient des voeux, moi !
    — Ça dépend peut-être de leur humeur...
    Sur scène, le groupe Épingles à Nourrice achevait son morceau final dans un tonnerre vibrant d'applaudissements. Même les arbres secouaient leurs feuilles avec frénésie. Ils applau-bruissaient, pensa Azura, juste avant de se réprimander pour avoir pensé à un aussi mauvais jeu de mots dans un moment pareil.

    Le répit musical fut bref : un nouveau groupe entra sur scène alors que le précédent était encore en train de débarrasser son matériel. Le nouveau groupe était composé de trois lutins maigres, hirsutes, et maquillés de charbon qui traînaient derrière eux des banjos dont les cordes étaient agrémentées de vis et de rouages dentelés. Azura avait peu d'expérience en matière de musique. À l'âge de trois ans, elle avait braillé des rengaines publicitaires répétitives et des chansons incomplètes sur des souliers volants, juchée sur une palette de bois récupérée chez un commerçant. À treize ans, elle avait braillé des chansons populaires dans un anglais phonétique pendant qu'un voisin en vacances tapait sur des cartons disposés comme une batterie de rock. La musique de ce groupe de Korriganed réunissait tous les pires aspects de ces deux tentatives.

    Quelque chose vint heurter la botte gauche d'Azura. Elle réalisa que des gobelets en terre roulaient vers eux. Ils venaient de la buvette.
    — Pssst !
    Un garçon au visage rond et triste, de treize ou quatorze ans peut-être, essayait d'attirer leur attention. Il portait d'une main une pile de gobelets qui menaçait de s'écrouler d'une seconde à l'autre. De l'autre main, il faisait des signes étranges et frénétique.
    — Qu'est-ce qu'il dit ? dit Azura.
    — Il dit de faire du vent, dit Éléon. Il doit avoir chaud.
    — Non, il dit de faire de la place.
    — Il veut la place pour ranger ses gobelets, peut-être. On le gêne ?
    — Des humains ! cria une voix stridente. Ce sont des humains !! — Sauvez-vous ! cria le garçon.

    Mais il était trop tard. La danse s'arrêta, la musique s'arrêta, la boisson s'arrêta, et tout le monde se tourna dans leur direction. Azura avait déjà fait des rêves similaires, quand elle allait encore à l'école. Elle vérifia qu'elle portait encore son bas de pyjama. Oui, il était là. Ce n'était donc toujours pas un rêve.

    La foule se fendit pour laisser passer six grandes fées à la peau de cuir noir. Azura fut saisie par les bras et les jambes comme si elle avait été une poupée de chiffon. Ce devaient être des lavandières de la nuit, pensa Azura, ces lavandières aux bras puissants à force de tordre les draps et qui vous entraînaient pour vous noyer dans les lavoirs. Elle espéra qu'il n'y avait pas de lavoir trop près de la clairière. Azura et Éléon furent portés à bout de bras au- dessus de la foule, qu'Azura ne pouvait plus voir mais qu'elle entendait encore très bien.

    Azura fut posée à terre sans ménagement, Éléon juste derrière elle. Le sac d'Éléon fut jeté près d'eux, et il en vérifia le contenu. Ils étaient aux pieds d'un prince ; Azura ne pouvait pas lui attribuer d'autre description. Si Azura avait eu à choisir quelqu'un représentant l'essence même du Prince Charmant, elle aurait choisi celui-là. Bien sûr il n'avait pas l'air humain, il était trop grand, trop lisse, trop immobile. Sa peau était blanche et tendre comme le bois sous l'écorce des arbres. Ses cheveux étaient en feuille d'aulne, et autour de ses jambes s'enroulaient des volutes de brouillard clair. Le sol à ses pieds se couvrait de champignons.
    — Florimand ! dit une des lavandières. Qu'est-ce que tu veux faire de ceux-là ?
    Florimand les regarda de haut. Azura se demanda s'il était capable de se baisser. Ou de s'asseoir. Cela devait être extrêmement fatigant d'être toujours debout.
    — Comment êtes-vous arrivés ici ? dit Florimand d'une voix voilée dans un souffle de vent.
    — On s'est perdus, dit Azura.
    — Le chemin faisait du surplace, dit Éléon.
    — On a trouvé la clairière.
    — On est tombés.
    — Et c'est tout.
    — Pardon.
    — Ce n'était pas fait exprès.
    Florimand demanda le silence d'un geste las.
    — Lorsqu'un humain trouve le cercle des fées, il lui est imposé des épreuves qu'il ne peut pas accomplir. S'il échoue, il est enfermé vivant sous terre jusqu'à la fin des temps.
    — Quoi ?!
    — Mais c'est injuste ! Si on ne peut pas gagner, c'est cruel !
    — L'existence est injuste ! dit Florimand dont le visage s'était paré de rage. Ne trouvez- vous pas injuste que nous, liés inexorablement à cette terre et à ses plantes, fidèles depuis la nuit des temps, devions mourir avec elle ?
    — Vous n'êtes pas obligés, dit Éléon. Vous pourriez partir...
    — C'est impossible. La fin de l'Île sera la fin du monde, pour nous.
    — Pourquoi vous ne pouvez pas partir ? insista Éléon.
    — Parce que ce sont nos bois ; sans eux, nous n'existons pas. Quand ils cesseront d'exister, tel sera notre destin.
    Azura comprenait très bien ce sentiment.
    — Oui c'est vrai, dit Azura. C'est injuste. Je suis désolée.
    Florimand inclina la tête. La colère semblait l'avoir quitté.
    — Mais donc, reprit Éléon, vous allez juste attendre la mort, ici ?
    — Ça ne devrait plus tarder, dit Florimand. Ce n'est plus qu'une question de nuits, maintenant.
    — Mais on peut arrêter la catastrophe ! dit Éléon. J'en suis sûr. Je suis venu pour ça ! On peut sûrement vaincre les Ombres !
    Florimand l'observa pendant quelques minutes.
    — Tout espoir est vain, mais je ne peux pas vous empêcher de vous y accrocher. Très bien, sauvez l'Île : ce sera votre épreuve. Cela dit, vous feriez mieux de rester ici partager notre cidre et nos chansons.
    — Non merci, dit Éléon, jamais pendant une Quête.
    — Et moi j'ai promis à ma grand-mère, dit Azura qui n'allait pas accepter quoique ce soit des fées si elle avait le choix.
    — Soit.

    Florimand frappa dans ses mains, et la musique reprit. Les Korriganed se reprirent par la main, et la ronde se reforma, plus endiablée que jamais. Les lavandières haussèrent les épaules, et retournèrent séparer d'autres disputes. Azura se sentait quelque peu délaissée. Quelque part, dans la foule, quelqu'un criait pour demander si l'on avait vu une certaine Sidonie ; apparemment, personne ne savait où elle se trouvait.
    — Que faites-vous encore ici ? demanda Florimand. Vous êtes libres de partir.
    — Oh, commença Éléon, merci, c'est très gentil à vous. Euh... sauriez vous où se trouve le phare de l'Anaon ? S'il vous plaît.
    — Le phare de Guérin ? J'ai bien peur qu'il ne soit mort. Il a dit qu'il allait tout arranger et c'est la dernière fois que j'ai entendu parler de lui.
    — Qui est Guérin ?
    — C'est le gardien du phare de l'Anaon. Il se trouve sur la Falaise de l'Ombre.

    Éléon se tourna vers Azura, qui secoua la tête. Ce nom-là ne lui disait rien non plus.
    — Pourrait-on avoir un guide jusque là ? Sans vouloir abuser de votre générosité... vous devez bien ça à Azura !
    — Qui est Azura ?
    — C'est moi, dit Azura. Je suis Azura.
    — Et quelle dette aurions-nous envers vous ?
    — Vous l'avez enlevée pendant des années, dit Éléon. Elle ne se souvient de rien depuis des mois.

    Florimand étudia Azura. Il semblait plus intéressé par le motif de son T-shirt que par le reste de sa personne.
    — Quel âge aviez-vous avant d'être « enlevée » ?
    — Le même âge qu'aujourd'hui, je crois... en tout cas à l'époque j'avais dix-huit ans.
    — Trop vieille, dit Florimand.
    — Elle n'est pas vieille ! dit Éléon
    — Elle est trop vieille pour avoir été enlevée par nous. C'était quelqu'un d'autre. Voyez peut-être les Mari Morgans, ou les Nains Marins.
    — Ah, dit Azura.
    — Voyez, ce garçon, là-bas, celui qui a tenté de vous prévenir. Nous l'avons pris l'année de ses sept ans.
    Le garçon se recroquevilla sur lui-même, comme pour disparaître derrière les gobelets.
    — Ah...
    — Il n'a pas été un très bon serviteur. Je devrais le punir pour sa traitrise, mais je ne sais plus quoi lui faire faire ici. C'est une constante catastrophe. La pile de gobelets roula sur le sol, et le garçon rougit jusqu'aux oreilles.
    — Oh...
    — Cela n'a plus d'importance, à présent. Soit, je le libère aussi ; il sera votre guide jusqu'à la Falaise de l'Anaon. Sortez, maintenant. Laissez-nous seuls avec notre destin.

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