La Fille de l'Eau - Tome 1

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Naëli et Joan se sont lancés dans un défi qui relève de la folie pour leur jeune âge : participer à la Coupe des Sept Principautés, la plus longue et la plus dangereuse jamais inventée. Au cours de leur périple, ils doivent traverser chacune des îles de l'archipel, et conserver un bon classement pour rester en lice. Tout en faisant face à des concurrents peu scrupuleux.
Mais ils possèdent un atout caché : le don d'hydromancie de Naëli. Sa maîtrise de l’ancienne magie de l’Eau représente un avantage stratégique certain.
Un avantage qui ne lui servira pas que dans le cadre de la compétition. Car un sombre complot se trame dans les coulisses de la Coupe cette année. Des concurrents disparaissent sans laisser de traces, d’autres sont victimes de sinistres attentats.
À mesure que la course progresse, le mystère s’épaissit. Et la simple épreuve sportive se transforme en une investigation inquiétante recelant de lourds secrets.

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    Dernière modification le 30/05/2018
    Chapitre 1

    — Tu es prête ?
    Le garçon l’observait d’un regard interrogateur au fond duquel elle pouvait lire une détermination sans faille. Naëli n’était pas sûre d’être prête, mais la présence de Joan était inspirante. Avec lui à ses côtés, elle relèverait n’importe quel défi.
    Comme celui qu’elle préparait depuis quelques mois : la Coupe des Sept Principautés, la plus longue et la plus périlleuse jamais inventée.
    Elle avait toujours eu de l’ambition, mais les délires de Joan étaient d’une toute autre mesure. Se lancer dans un tel périple, à leur âge ! Cela relevait davantage de la folie que de l’ambition. Les plus jeunes coureurs commençaient leur carrière à vingt ans passés, et tous deux n’en avaient que quinze.
    Pourtant, aujourd’hui, la ligne de départ s’étirait à quelques mètres devant elle, palpitant dans la chaleur de l’après-midi. Les organisateurs avaient cette année choisi Ys comme point de départ de la course.
    Ys.
    La capitale de la Principauté de Sarkoth, la plus riche et la plus prospère des sept Principautés qui composaient ce monde. Une ville qui occupait tout l’espace de la petite île sur laquelle elle était construite et qui jouissait d’une position centrale lui garantissant un contrôle absolu des routes commerciales. D’où sa richesse impressionnante. Son dirigeant, le Prince marchand Vesperil, était d’ailleurs la plus grande fortune du monde. Il possédait un génie commercial sans pareil et se révélait être un négociateur hors pair.
    L’homme était respecté et admiré de tous.
    Quant à la cité en elle-même, splendide aurait été un qualificatif trop faible pour en décrire la beauté. Elle avait un aspect féérique. Pas une allée qui ne soit embellie d’un miroir ou d’une fontaine. Les flèches élancées et les vastes coupoles de verre y côtoyaient les grandes avenues et les passerelles audacieuses dans un ensemble gracieux au charme éblouissant. On l’appelait « le miroir de la mer », parce que cette dernière se reflétait à l’infini dans les innombrables baies vitrées qui s’enchaînaient sur les façades des bâtiments. Ys était telle que quel que soit l’endroit où l’on se tenait, on était enlacé par les remous paisibles de l’océan.
    En pénétrant dans la ville la veille, Naëli avait été stupéfaite par la magie architecturale qui s’en dégageait. À côté de cela, la capitale de Sarmajor, son île natale, faisait figure de grossière métropole industrielle noircie par le charbon et la cendre. Et pourtant, nombreux étaient les poètes qui en chantaient la grâce. On la surnommait même la cité des arts et des sports !
    Mais Ys était enivrante.
    Ys était éternelle.
    Pas étonnant que les plus grands dignitaires du monde aient décidé d’y installer leurs appartements !
    La ville respirait la richesse. Pas la richesse écrasante des magnats de l’industrie se déplaçant dans les tout derniers modèles d’automobile, non, c’était ici la richesse propre et nette, celle des gens si puissants que leurs rues étaient nettoyées trois fois par jour et que leurs habitations étaient faites sur mesure.
    Les quelques badauds qu’elle avait aperçus étaient habillés plus ou moins simplement, mais toujours avec goût. Ils dégageaient une classe hors du commun.
    La sobriété de l’élite.
    Pas de sans-abris ni même d’ouvriers ou autres portefaix. Naëli en venait à se demander si ces gens avaient des domestiques. Mais peut-être n’avait-elle vu que les beaux quartiers.
    D’après ce que lui avait dit son père, qui avait déjà voyagé par le passé, les organisateurs avaient mis le paquet pour cette édition de la Coupe. Des banderoles rouges soigneusement brodées s’étiraient dans chaque coin d’Ys, affichant une coupe ciselée en motifs dorés entourée de sept étoiles sur un fond rouge sang. À chaque Principauté sa couleur d’étoile : rouge, vert, jaune, bleu, marron, blanc et violet. C’était l’emblème de la course, celui qui hantait les pensées de Joan depuis des années. Et par contagion, celles de Naëli également depuis qu’il lui avait proposé de l’accompagner.
    Sur l’avenue du départ, ce n’était même plus de l’ornement, mais du faste luxueux. D’innombrables rangées de gradins avaient été installées là pour que les spectateurs puissent assister au départ de la célèbre Coupe des Sept Principautés, et on était loin des habituels gradins de bois montés à la hâte. Ceux-ci étaient recouverts d’un épais tissu pourpre et semblaient presque confortables. Même la route avait eu droit à son tapis rouge, alors qu’elle allait être saccagée par des centaines de roues furieuses dans quelques instants. Comme si les dirigeants avaient voulu que la richesse de la Principauté éclate aux yeux de tous.
    Enfin, tout cela était de très bon goût et ravissait Naëli.
    Pour sa première course, c’était plutôt flatteur.
    Des drapeaux de toutes origines flottaient çà et là pour encourager les concurrents. Coureurs de Kur, d’Hoz, de Sarmajor, de Galbi, de Nirvûn, de Kelebetokey, et bien sûr de Sarkoth, chaque Principauté fournissait son lot de participants enthousiastes. Il y en avait même qui venaient des îles éloignées, au-delà des territoires connus. Tous avaient à cœur de défendre leur patrie. Mais dans chaque paire d’yeux se lisait la même excitation.
    La même appréhension.
    Assise à l’arrière de la moto, les bras ceints autour de la taille de Joan, Naëli répondit à l’interrogation de ce dernier d’un hochement de tête peu assuré, et tourna la tête à droite, avec la désagréable sensation d’être observée.
    Un étrange individu vêtu de noir de la tête aux pieds avait les yeux rivés sur elle. Il était au volant d’une voiture profilée et dynamique tout aussi sombre, aux côtés effilés et à la carrosserie menaçante, qui lui fit froid dans le dos. Des crânes inquiétants affleuraient sur la surface de l’engin.
    « Certains concurrents devraient être éliminés rien qu’à leur allure », songea-t-elle. Ce n’était pas rassurant du tout. Le regard de l’homme était… malveillant.
    Elle reporta son attention sur la route, mal à l’aise. Le porte-parole des organisateurs, qui répondait au nom de Yoklavin Seth, avait parlé de cette équipe tout à l’heure, quand il avait fait les présentations. Des natifs de Nirvûn, apparemment, et qui avaient déjà concouru de nombreuses fois. Non sans succès. C’était l’équipe de la Scie-à-viande, l’équipe numéro deux. « Méfions-nous de ceux-là, ce sont des experts », avait avancé Joan.
    Elle considéra un bref instant leur propre véhicule, le Loup-de-mer. C’était un brave deux-roues que Joan avait survolté pour le rendre plus rapide que l’éclair. Il devait son nom au visage de loup sculpté dans le métal qui surmontait sa roue avant, prolongé par des plaques blanches ondulées évoquant des vagues impétueuses. Une série de réacteurs plus ou moins volumineux sortaient de son arrière-train et propulsaient le véhicule avec force. Sur ses flancs était gravé un grand É, comme pour Éclaireurs, le nom de l’équipe de Naëli.
    C’était un bel engin.
    Le regard de Naëli fuit vers les gradins à la recherche de son père. Il lui avait promis de venir. Il savait depuis qu’elle fréquentait Joan qu’ils finiraient sur la piste. Et il s’y était préparé. Elle n’eut pas à scruter longtemps les rangées de spectateurs : il était là, gesticulant dans le vide comme s’il ne savait pas quoi faire de ses bras, ses lunettes si proches du bout de son nez qu’elles menaçaient de chuter d’un instant à l’autre.
    Naëli rit nerveusement.
    Son père était un sacré personnage.
    Mais l’angoisse était trop forte pour qu’elle se déconcentre. Elle était juste heureuse qu’il soit venu depuis la lointaine Principauté de Sarmajor.
    Elle respira un bon coup, puis réajusta calmement ses grosses lunettes rondes sur son casque et se prépara au départ.
    L’hésitation n’avait plus sa place, à présent. Elle avait pris sa décision depuis longtemps.
    Il était trop tard pour reculer.
    Au-dessus d’elle, dans une cabine ronde qui surplombait la piste, Yoklavin Seth prit à nouveau la parole :
    — Concurrentes, concurrents ! La course est sur le point de commencer. Les présentations sont faites, mais les jeux sont encore sujets à paris ! Chacun d’entre vous peut prendre sa place sur le podium et inscrire son nom aux côtés de ceux des légendes de la Coupe ! Aujourd’hui, nos généreux sponsors ont fait le trajet depuis leurs terres d’origines pour assister à ce lancement de la neuvième édition. Mesdames, messieurs : les Princes marchands !
    Naëli dut lever la tête pour apercevoir les quelques silhouettes qui s’avançaient sur la piste devant les premiers concurrents. Et même ainsi, elle n’arriva pas à distinguer leurs visages. La voix amplifiée de l’un d’entre eux parvint à ses oreilles. C’était une voix impérieuse et puissante. Celle d’un homme qui avait l’habitude de gouverner.
    — Je suis le Prince marchand Vesperil, gouverneur de Sarkoth. Je parlerai au nom de tous mes confrères rassemblés ici. J’attends un grand respect de la part de tous les concurrents. Un respect pour les autres, mais aussi pour les contrées que vous allez traverser. La Coupe est un événement sacré, ne l’oubliez jamais ! Et ne vous y trompez pas, l’aspect accueillant de Sarkoth cache de nombreux pièges…
    Il marqua une pause alors que la foule l’acclamait encore plus fort que les équipes présentées un peu plus tôt, avant de conclure :
    — Bonne chance à tous.
    Il y eut un court moment de flottement, que Naëli interpréta comme le repli des Princes marchands, puis Yoklavin Seth reprit la parole du haut de la tribune avec un sourire en coin :
    — Parés au départ…
    Une petite créature s’avança devant lui et brandit un drapeau à bout de bras.
    Cinq.
    Quatre.
    Trois.
    Deux.
    Un.
    Le rugissement de dizaines de moteurs furieux emplit l’atmosphère tandis que la centaine de concurrents démarrait en trombe sous les hurlements du public en délire.
    — Que la course commence !

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